Rouler comme un crétin sur une petite route, l'avis des professionnels
Fonctionnement de la moto

Rouler comme un crétin sur une petite route, l'avis des professionnels

Restez au gaz entre le gravier, les nids-de-poule, les bosses

Les dimensions et les anonymes du Road Rally nous donnent leur point de vue

Le poireau une fois, toujours le poireau ? C'est possible, mais pas inévitable. Car que l'on aborde une moto en termes de vitesse ou de sécurité, une chose reste en commun : l'habileté. Pour savoir comment s'améliorer sur une petite route, que ce soit la maîtrise de la moto, la précision de l'extérieur, les petits détails qui changent tout, nous sommes allés demander aux pros et aux moins pros, les participants au rallye des volcans 2016, comment ils parviennent à mettre le gaz (et surtout le tenir) sur une petite route en hauteur dans un paysage certes bucolique, mais

Attention, l'article suivant n'est pas étiqueté "tous publics". Il contient langage explicite... Âmes sensibles, allez plutôt vous détendre avec cet autre article Suzuka 8 Hours for Umbrella Girls. En effet, ce qui vient sent la souffrance : d'abord, parce qu'il parle de « vitesse », le mot maudit en 2016. Deuxièmement, parce qu'il s'agit d'aller vite dans un environnement difficile et dangereux : une petite route départementale bousculée et gravelée. On parle d'infraction, bien sûr, mais aussi de prévention des risques, de reconnaissance, de contrôle des motos : cela, selon les termes, contribue à la sécurité. On comprendra qu'il s'agit de conduite rapide dans un espace confiné et sécurisé : de scènes particulières fermées à la circulation. Aucun des éléments suivants ne doit bien entendu être reproduit sur des routes ouvertes. Et pour calmer les âmes sensibles : aucun animal n'a été blessé dans cet article.

Le rallye, c'est l'univers, c'est la philosophie. Selon plusieurs de leurs participants, c'est aussi la trekulentheniya : « le sport des gitans qui roulent comme des connards ». Pour respecter l'esprit et la lettre, pour les remercier de nous avoir confié leurs conseils et réflexions, lorsqu'ils arrivent pour le spécial, nous avons décidé de ne rien sucrer.

Julien Toniutti, quadruple champion de France des rallyes

Julien Toniutti

Julien Toniutti était sans conteste le pilote le plus titré à avoir participé au Volcano Rally, avec 4 titres consécutifs en Championnat de France des Rallyes et 3 podiums d'honneur (2e en 2012, 3e en 2013 et 2e en 2014) en Moto Tour. Il est également le deuxième Français le plus rapide sur le duTT Isle of Man Tour. Julien est juste venu en spectateur à l'épreuve d'Auvergne et a pris le temps de nous donner quelques conseils.

Il n'est pas facile de rouler vite sur une petite route car on est dans un environnement hostile, et pourtant à bien y regarder, les meilleurs pilotes sont debout en 3 dixièmes de seconde. La route est une discipline particulière, différente de la piste. Prenez ici 3 cases : verte, orange et rouge. Le pilote de rallye est en orange et il doit toucher le rouge. Le conducteur de chaîne est toujours dans une case rouge, et là il devra le tenir sous le coude et conduire en orange, car sinon il passera par un, deux, mais pas trois. Ce n'est pas la même approche, et il y a de rares vrais gros pilotes là-bas.

La base est la reconnaissance. Aujourd'hui on n'a plus le droit d'admettre à moto, ce qui est bien car dans cette discipline 90% des accidents très graves se sont produits lors de l'exploration. Et cela évite aux autres d'arriver à un rallye avec de mauvaises nouvelles à découvrir avant le départ. Pour rouler vite sur route, il faut réussir à ne pas s'improviser. Du coup, je traverse plusieurs fois des spéciales en voiture, au bon endroit, mais aussi à l'envers, car je pense que je connais bien la route quand je peux la lire en tournant à l'envers. Puis je rentre à pied, car c'est là que vous verrez quelque chose que vous n'avez pas vu auparavant, des murs bas, des bosses.

Une fois que je suis sur le vélo, il faut éviter de freiner le chasseur, ça fait perdre du temps, sur la route à vélo, ça ne marche pas. Au contraire, vous devez freiner tôt, relâcher les freins tôt et ne pas maintenir le frein avant dans les virages, car si vous le faites, vous bloquerez la transmission avant et vous empêcherez de déplacer la suspension, il vous sera donc difficile de absorber les chocs. Vous maintenez le petit frein arrière à la limite pour stabiliser le vélo. Vous devriez alors être en meilleure position pour accélérer au plus vite : un bon temps se fait en accélérant.

Un bon vélo pour rouler sur route rapide, il doit être bien préparé dans le châssis. Vous n'avez pas besoin de 200 chevaux, d'ailleurs, vous pouvez voir que les monocylindres sont toujours en embuscade. La clé est la suspension et en particulier l'amortisseur arrière qui filtre bien.

Nicolas Sassolas, vainqueur du Rallye Volcanique 2016

Nicolas Sassolas

Attention : beau potentiel ! Avec une formation sportive en VTT et enduro, Nicolas Sassola vient de remporter le Rallye du Volcan alors qu'il en est à sa première saison de rallye. Cette année, il a signé le 7e temps scratch au Rallye de l'Aine.

L'essentiel est de faire un grand espace pour savoir ce qui se passe après chaque virage et d'utiliser toute la route car il n'y aura personne à gauche pour savoir où étendre, comment gérer vos séquences. Il ne faut pas essayer d'aller trop vite à tout prix, ne freinez pas trop fort, j'essaye d'aller le plus vite et le plus court possible, c'est-à-dire que j'essaye d'optimiser le rapport kilomètre/vitesse.

En ce qui concerne la moto, c'est la BMW S 1000 R standard. Je laisse ESA contrôler la suspension, je garde l'ABS à l'avant mais pas à l'arrière, et je conserve l'antipatinage même s'il clignote fréquemment, même avec piste pneus. Et j'utilise aussi le levier de vitesses, ce qui est vraiment bien.

Julien Sassolas a remporté le rallye dans sa BMW S1000R

Pierre Lemos, 2016e au Rallye du Volcan XNUMX

Pierre Lemos

Champion de France des Rallyes en 2005, Pierre Lemos a également remporté le Tour Moto dans la catégorie Sport et a piloté le Bol d'Or. Il a roulé sur des volcans dans une KTM 1290 Super Duke.

Il faut connaître le chemin par cœur, et cela passe par la reconnaissance. Je sais que je connais le chemin quand je peux dessiner un titre sur un morceau de papier. Après cet exercice : on peut s'entraîner à courir le parcours pour déterminer ses limites et sa zone de confort, mais ici il faut apprendre à lire la route, il faut tous les deux véter, être très précis. Avant de partir, je me concentre, je revois les angles, je ne parle à personne d'autre, j'anticipe ce qui va m'arriver et ce que je vais devoir faire. Rouler vite dans un tel environnement est un sport, il faut être affûté physiquement. Je bois une gorgée d'eau toutes les cinq minutes pour rester hydraté.

Ce qu'il faut c'est privilégier les sorties de courbe, ne jamais être trop limité en entrée de freinage, sur une petite route, c'est l'accélération qui fait gagner du temps. Démarrer avec des pneus froids (où il faut attendre le démarrage d'une édition spéciale, comme lorsqu'un incident survient) est un problème, j'ai tendance à trop garantir dans les deux premiers coups, même si mon Conti chauffe vite.

Le secret c'est aussi d'exceller au débit, et c'est par le réglage des suspensions que doit commencer la préparation du vélo. J'enlève l'ABS quand je suis en spéciale, je n'aime pas la sensation des effets dans le levier, mais je garde l'antipatinage. Cependant, je commence le deuxième en premier. Je change de mode et lâche immédiatement l'embrayage. Avec des motos très puissantes, la puissance est explosive sur les genoux et on passe du temps sur l'anti-roue ou l'allumage en premier. C'est pareil en spécial, parfois j'étudie plus en CM5 pour avoir une force utile que pour être en dessous de la troisième avec une puissance moins contrôlée.

Pierre Lemos dans sa KTM 1290 Super Duke R

Marie Ponce, première femme au Rallye du Volcan 2016

Marie Ponce

Marie dirige des rallyes routiers depuis 2012 avec son mari et les deux en sortent. Difficile de dire qui est le plus rapide car ils arrivent rarement à terminer le rallye ensemble. Maria a pris la place de la première femme sur les volcans, tandis que Cyril s'est rendu à l'automne. Elle a roulé sur des volcans dans une KTM 690 Duke et son mari dans une 990 Super Duke.

Je ne roule pas sur piste, et pour moi le rallye c'est d'abord pour s'amuser, si je n'ai pas le sourire sous mon casque, ça ne vaut pas la peine de partir. Lorsque vous arrivez pour une soirée spéciale et que vous voyez les secondes compter avant de vous précipiter dans le noir, c'est le meilleur moment pour moi. Je fais un peu d'exploration, je conduis juste le camion une ou deux fois sur des spéciales, juste pour trouver des endroits vraiment dangereux, le reste, je le fais jusqu'à ce qu'on ait l'impression qu'il faut constamment lire la route. Une offre spéciale est un bateau à vapeur.

Mon secret est-il d'aller plus vite ? Il perd du poids et arrête de manger des flûtes. Non, mais il s'agit aussi de lire en permanence la route et de m'obliger à des trajectoires qui empruntent toute la route. Et il faut aussi comprendre que les conditions routières changent : température, adhérence, présence ou absence de graviers selon que les fauteuils roulants sont passés devant vous, tout ça... Par contre, il faut aussi un vélo léger. En rallye vous faites plus de 500 kilomètres de motos dans la journée, dans des conditions difficiles vous avez besoin d'une moto qui ne vous fatigue pas.

Marie Ponce termine première femme

Stefan Delo, rallye des 7 ans et 5e des volcans l'an dernier

Affaire Stefan

Pour réussir le roulage rapide, il faut connaître tous les virages, savoir où se trouvent la mousse et les graviers, savoir si le virage se ferme ou non. Il faut être flexible et ne pas essayer d'arriver partout comme un combattant. Mieux vaut avoir un rythme soutenu et essayer de ne pas perdre de temps. Sur route, je n'essaie pas de retarder le freinage, je ne prends même pas un grand angle, mon genou touche parfois le sol, mais pas les repose-pieds. Vous devez être capable de lire la route. Si vous arrivez sur le site de fusion du bitume, vous devez immédiatement décider d'une autre trajectoire. J'ai regardé la vidéo avec Serge Nukes, il donne quelques conseils qui m'ont été utiles, comme par exemple utiliser le frein arrière quand on est un chat. Nous devons écouter les autres. En ce qui concerne la moto, la fourche d'origine est très bien, mais par contre, il faut remplacer l'amortisseur arrière.

Stéphane Delot à l'attaque de sa Triumph

Krach, l'amant éclairé

Étape

Sur ses 111 000 km, la Honda CBR 900 R. Krach en est à son 9ème rallye depuis 2012. Avec sa réplique de casque Guy Martin (qui lui va plutôt bien), voici ses recettes pour bidouiller sur une petite route :

Il faut se forcer à utiliser toute la route, car au début, lors de mon premier rallye, je conduisais trop à droite de la route. Au deuxième passage, j'ai commencé à utiliser le côté gauche et j'ai marqué 10 secondes. Mon vélo est prêt pour le trail, c'est dur, mais j'y suis habitué. J'essaie de regarder des vidéos d'émissions spéciales à la télé, mais j'ai du mal à m'en souvenir. Après cela, je passe en mode Joe Bar Team.

Krach sur sa CBR900

Toph, rallye des 5 ans, 4ème place sur les volcans l'an dernier

Toph

Je ne connais pas trop les spéciaux et y vais un peu instinctivement. Je suis sûr d'avoir peur quand il y a des coups. J'essaie de freiner tôt pour garder la vitesse dans les virages. Ma Suzuki GSX-R 1000 a un couple et une extension ; Je fais toutes les spéciales en 2ème sans passer les vitesses, ça monte jusqu'à 220 km/h.

Tof sur sa Suzuki GSX-R1000

Elodie Guisar, rallye des 5 ans, 2ème femme à Durdu 2016 et première femme sur les volcans 2015

Elodie Gisar

Je fais une grosse montée d'adrénaline pendant le compte à rebours. Je me rapproche un peu plus de la garde car je ne reconnais pas les scènes spéciales, et en les regardant à la télé je ne peux pas les contenir. J'essaye juste de mémoriser les passages difficiles. J'allais mieux à une époque où nous pouvions faire du repérage à moto. Depuis que j'étais sur le point de le faire, je conduisais plus lentement sur la route.

Elodie termine deuxième femme de l'événement

Thierry Boyer, pilote, concessionnaire, éducateur, rallyman depuis 1999 et surtout poète postmoderne

Thierry Boyer

Artiste pressant, Thierry a terminé 10 Moto Tours, a souvent terminé dans le top 10 des rallyes sur route et a terminé deuxième au scratch aux Volcans sur son curriculum vitae. Il est l'organisateur et l'animateur de la Compétition Centrale par Equipe et organise des stages de pilotage de type rallye et des journées piste.

Ma recette pour un mouvement rapide est de me branler sous la douche et de sortir en hurlant. Cela peut sembler étrange ce que je dis, mais c'est vrai. Avant de partir, vous devez vous vider la tête, vous ne devez pas avoir d'émotions négatives.

La conduite rapide dans l'édition spéciale devrait être encouragée par la sécurité routière. Juste parce que tu es équipé d'une colonne vertébrale, d'une combinaison, d'un équipement de qualité, tu vois, ça change par rapport à tous ces gars que je rencontre sur la route qui roulent en baskets. Ensuite, parce que si vous tombez, dans les 10 secondes qui suivent votre présence à côté de l'urgentiste, cela fait une grande différence pour ceux qui se font toucher samedi soir en rentrant du ballon.

Ensuite, parce que quand tu es totalement dans la spéciale, ça colle à la foutue adrénaline et là tu arrêtes de faire l'idiot sur la route. Vous voyez, c'est comme ces gamins dans les villes à qui on donne une salle de boxe en bas. Quand ils le font dans les deux heures, ils ne veulent pas faire des conneries après ça.

En plus de reconnaître une rivière spéciale et bonne qui se fait à pied, vous voulez une moto légère, équilibrée, un vélo à suspension assez souple, avec des suspensions qui fonctionnent bien. Ce n'est qu'ainsi que vous pourrez prendre un virage et mettre un bon gros jet de gaz.

Thierry anime des meetings routiers depuis 1999

Conclusion

Dans l'édition spéciale, tous les participants du Road Rally essaient de faire de leur mieux sur la petite route, en conduisant aussi vite que possible. Cependant, on se rend vite compte qu'il existe deux grandes écoles de pensée. Il y a ceux qui ont une vision assez romantique du rallye, vision qui vous a été partagée à Lair, racontant la première expérience des poireaux, et ceux qui voient le rallye comme un sport de haut niveau et qui, comme de vrais sportifs, préparent avec le plus grand soin requis pour les meilleures performances. Et l'on voit bien qu'une reconnaissance minutieuse des spéciales s'impose !

Que leurs conseils ne puissent être appliqués que dans le cadre strict d'une spéciale fermée et opportune est évident. Cependant, il parle principalement de savoir-faire artisanal et peut-être que quelques détails glanés ici et là peuvent aider le motard moyen à mieux comprendre son vélo et son rapport à la conduite. Mais attention : la route n'est pas une piste.

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